lundi 14 octobre 2019

Poème

Les hasards et une de mes copines de blog, me font réfléchir et trouver "un mot dont on aime la sonorité".
Je repense au mot CENACLE.
Découvert et apprécié lors de ma première classe de CM1 comme maîtresse d'école, en 1980.

Voici ce poème de Lucienne Desnoues ( je le sais pratiquement par coeur) 

CEREMONIE DU FLAN

Je prépare un dessert de fête. C'est l'hiver
Et dans cette heure où l'on me croirait seule
M'entoure un cénacle d'aïeules.
Le temps couvert, le feu couvert
Éclairent la recette sur la table,
Exacte, et les ingrédients indiscutables.

La cuiller est de bois et le moule est de cuivre.
Je casse un premier œuf dans le bol blanc.
Mon oeuvre se nommera flan.
Mes aïeules, puis-je poursuivre?
En s'inclinant les dames ont souri
Qui vécurent sous les François, sous les Henri.

Les jaunes d'œufs béats, le lait simplet rayonnent.
Le sucre est d'un grain fort civilisé.
La vanille des alizés
Reluit, subtile négrillonne.
Je dose le chaud, le soupçon de sel,
D'un doigt très familier, d'un cœur très solennel.

Achèvera ma tâche, en grand secret, le four.
Puis je démoulerai l'œuvre qui tremble
Et nous l'admirerons ensemble,
Dames qui m'escortez toujours,
Touchant d'éternel mes moindre minutes
Et qui sous les Le Nain, sous les Chardin vécûtes.
Lucienne Desnoues - Les Ors - Editions Seghers
 
Chez nous, ce WE, pas de flan, mais confection de gelée de pommes et de confiture de châtaignes.
Plus une promenade et ramassage de cèpes, appréciés en omelette


4 commentaires:

Marielle a dit…

Hihi finalement je t'ai rappelé un bon souvenir avec cette poésie
En tout les cas tu as raison elle est très belle !!!!!!!!!!

Annie a dit…

C'est un sentiment que je ressens suivant lorsque je cuisine : participer à une tradition, être le maillon d'une longue lignée de femmes qui ont fait les mêmes gestes. De même à Noël, en préparant les "bredele", les petits gâteaux de Noël d'Alsace, j'aime à penser qu'au même moment dans de multiples cuisines, ils sont nombreux et nombreuses à faire les mêmes gestes que moi et c'est profondément réconfortant. Inutile de dire qu'aux bijoux de ma grand-mère, j'ai préféré sa cuillère en bois.

Milly a dit…

Quel beau poème! Un poème très visuel! :)

monique a dit…

Merci pour ce poème que je ne connaissais pas !