lundi 31 août 2020

Lectures d'août

Deux livres de Zola. Qui plus est achetés, pour soutenir mon libraire juste après le confinement.

Extraits des ROUGON MACQUART

Mais lus dans "le désordre"

- A la conquête de Plassans ( le n° 4)
- La fortune des Rougon (n°1)

Ce premier  livre je ne remercierai jamais assez ma prof de français,
en classe de Première, Madame Quereuil,
de nous avoir fait découvert ce premier livre de l'histoire des Rougon-Macquard,
livre beaucoup moins connu que Germinal, l'Assommoir,  Au Bonheur des Dames,  Le ventre de Paris ......

A sa relecture l'émotion ressentie à mes
17 ans est toujours intacte.
Cette histoire d'amour entre Silvère et Miette...
Moi qui tombais amoureuse cette année-là de mon futur mari...

Par contre il y a un épisode que j'avais complètement oublié et qui est sublime : leurs premiers rendez-vous où ils ne se voient que sur l'eau, miroir au fond d'un puits commun, où ils viennent chacun de leur côté puiser de l'eau...


Un extrait ?

"Le puits mitoyen était un grand puits très-peu profond. De chaque côté du mur, les margelles s’arrondissaient en un large demi-cercle. L’eau se trouvait à trois ou quatre mètres, au plus. Cette eau dormante reflétait les deux ouvertures du puits, deux demi-lunes que l’ombre de la muraille séparait d’une raie noire. En se penchant, on eût cru apercevoir, dans le jour vague, deux glaces d’une netteté et d’un éclat singuliers. Par les matinées de soleil, lorsque l’égouttement des cordes ne troublait pas la surface de l’eau, ces glaces, ces reflets du ciel se découpaient, blancs sur l’eau verte, en reproduisant avec une étrange exactitude les feuilles d’un pied de lierre qui avait poussé le long de la muraille, au dessus du puits.
Un matin, de fort bonne heure, Silvère, en venant tirer la provision d’eau de tante Dide, se pencha machinalement, au moment il saisissait la corde. Il eut un tressaillement, il resta courbé, immobile. Au fond du puits, il avait cru distinguer une tête de jeune fille qui le regardait en souriant ; mais il avait ébranlé la corde, l’eau agitée n’était plus qu’un miroir trouble sur lequel rien ne se reflétait nettement. Il attendit que l’eau se fut rendormie, n’osant bouger, le cœur battant à grands coups. Et à mesure que les rides de l’eau s’élargissaient et se mouraient, il vit l’apparition se reformer. Elle oscilla longtemps dans un balancement qui donnait à ses traits une grâce vague de fantôme. Elle se fixa, enfin. C’était le visage souriant de Miette, avec son buste, son fichu de couleur, son corset blanc, ses bretelles bleues. Silvère s’aperçut à son tour dans l’autre glace. Alors, sachant tous deux qu’ils se voyaient, ils firent des signes de tête. Dans le premier moment, ils ne songèrent même pas à parler. Puis ils se saluèrent.
Bonjour, Silvère."



Longtemps j'ai désiré appelé notre fils aîné "Silvère"....