dimanche 14 février 2021

Expression imagée (3)

 "AVOIR LA TETE PRES DU BONNET"

Cette locution proverbiale est usitée pour indiquer un caractère si vif et si irascible que la moindre contradiction l’excite au suprême degré et ferait croire à de la folie. 

 Effectivement, celui qui s’emporte démesurément perd l’usage de la raison d’une façon momentanée, car la colère est considérée comme une étape à la folie. C’est, du reste, la pensée des auteurs anciens, Tacite, Sénèque et Horace, qui émettaient que la colère est une courte démence. Ainsi Sénèque disait : Homo paratior irae, l’homme plus porté à la colère ; Horace, celer est irasci, il est prompt à se mettre en colère et l’historien Tacite, irae properus, enclin à la colère.

On peut attribuer à ce proverbe deux origines. Il fut un temps où, par plaisanterie, on appelait une pièce d’or bonnet jaune (bon et jaune), puis on a dit : Avoir la tête près du bonnet pour signifier : Avoir la tête près d’être bonne, c’est-à-dire mauvaise.

Voici l’autre origine ; elle est tirée de l’histoire. A la cour des Valois (XVe siècle) un personnage appelé le fou avait le droit de dire impunément aux princes les plus dures vérités. Les fous avaient un bonnet particulier qui était une marque distinctive de leurs fonctions : Avoir la tête près du bonnet signifiait donc : Être voisin de la folie. A cette époque-là, pour faire allusion au bonnet qui était la coiffure distinctive des fous, on disait : A chaque fou plaît son bonnet.

On rencontre encore dans les anciens auteurs quelques exemples de l’emploi de cette locution : Ainsi, dans les contes de Des Periers (1777-1832) et dans Brantôme (1540-1614), tome II de ses œuvres complètes, on trouve la phrase que voici : Il veut bien que l’on scache (sache) qu’il a la tête si près du bonnet, qu’il ne pourrait jamais endurer qu’on lui fist (fît) la part. Il se trouve un exemple semblable dans un livre qui date de 1588 et est intitulé : Les après-disnées de Cholières : Je cognois le seigneur Rodolphe il y a longtemps ; il a la teste assez près du bonnet.

Pour terminer ces citations, il ne faut pas omettre ce qu’a dit Voltaire (1694-1778) à ce sujet : « J’ai pris mon parti sur tout et je jette mon bonnet par dessus les moulins, afin de n’avoir pas la tête si près du bonnet. » Les Italiens possèdent également ce proverbe et s’expriment ainsi : Avere il cervello sopra la beretta, ce qui veut dire : Avoir la cervelle au-dessus du bonnet.

Sources: LA FRANCE PITTORESQUE

Aucun commentaire: