jeudi 30 novembre 2023

Berthe Morisot (3)

Belle jeune femme, aux yeux noirs insondables qui devaient tant plaire à Manet (Edouard), qui réussit à la peindre plus d'une dizaine de fois, de 1868 à 1874. 

Avant qu'elle ne se décide à devenir sa belle-sœur en épousant son frère cadet Eugène, Berthe Morisot ne fut pas uniquement un modèle au charme troublant mais bien un peintre.

Berthe Morisot par Manet

Berthe Morisot au bouquet de violettes (1872)

par Edouard MANET - (1832-1883)

Au début des années 70, Edma Morisot, sa soeur,  se marie et abandonne la peinture. 

Orpheline de cet alter égo artistique, Berthe détruit ses œuvres de jeunesse et trouve désormais sa voie auprès des « Indépendants ». 

Ces derniers, surnommés impressionnistes, s’attirent la foudre de la critique, en 1874, en présentant des œuvres révolutionnaires telles que "Impression, soleil levant" (Claude Monet). 

Plus de Salon pour Berthe, mais sept expositions, de 1874 à 1886, associées à ce mouvement qui fait la part belle à la lumière, à l’éphémère et aux touches de couleurs pures bien visibles. Elle côtoie Renoir, Degas, Pissarro et s’impose comme l’une des figures centrales du groupe.

 

Elle se marie le 22 décembre 1874, à la mairie du 16ème.

Son mari Eugène Manet (frère d' Edouard Manet) lors de leur voyage de noces (tableau de 1875)

Si sa production se compose de paysages et scènes de la vie quotidienne, elle accorde surtout une place particulière au portrait. 

Elle multiplie ainsi les figures peintes sur le motif, notamment dans les jardins, qu’ils soient privés ou publics. Sa sœur, mais également bonnes et nourrices sont des modèles de prédilection pour Morisot.

Je crois bien que celui-ci est mon préféré....



Véritable peinture de l’intime, le regard que porte l’artiste sur le travail des invisibles confère dignité et poésie à ses sujets. 

Il ne s’agit en aucun cas d’un manifeste politique, mais ses œuvres interrogent tout de même le statut de la femme au XIXème siècle. 



Le Jardin à Bougival, huile sur toile, 1884

Enfin, le fil conducteur de la représentation de la vie moderne chez Morisot est le plein air : la végétation envahit l’arrière-plan, le ciel s’efface au profit d’un entrelacement de plantes et de fleurs aux tons pastel. 

Il s’agit pour l’artiste de peindre son environnement tel qu’il est et d’effleurer au plus près l’instantanéité. 



 Ainsi, ces différentes scènes deviennent des sujets d'expérimentations privilégiés. 

La mise en scène de l’espace, la transcription d'une impression immédiate, les effets de la lumière, aussi fugaces soient-ils, la conduisent à adopter une touche de plus en plus rapide et visible, fusionnant figure et arrière-plan dans une explosion de couleurs.

Élément notable, l’attrait de Morisot pour une peinture qui laisse sa place à l’inachevé, sa touche rapide et nerveuse,  se retrouve.

Ce qu’elle a trouvé au pastel lui permet de peindre rapidement,  libère son geste et sa touche et donne l’impression d’une spontanéité du pinceau.
 


S

Sa fille unique, Julie Manet, et son chien.

 En quête d’exploration perpétuelle,  Berthe Morisot meurt prématurément en 1895. 

Julie Manet :

Elle posa tout le long de sa vie pour sa mère et pour d'autres peintres impressionnistes. En 1896, elle est photographiée avec Stéphane Mallarmé son tuteur depuis 1892, année de décès de son père.

Le , trois ans après leur rencontre, elle épouse Ernest Rouart, peintre et fils du peintre Henri Rouart. 

Le mariage, célébré à la mairie du 16ème, est une double cérémonie au cours de laquelle sa cousine Jeannie Gobillard épouse Paul Valéry.

De son mariage avec Rouart, Julie aura trois enfants : Julien (né en 1901), Clément (né en 1906) et Denis (né en 1908).

Mariages de sa fille Julie Manet (à gauche) et de sa cousine germaine Jeannie (qui épouse Paul Valéry)

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Artiste prolifique, Berthe Morisot laisse un corpus composé de 423 tableaux, 191 pastels, 240 aquarelles, 8 gravures, 2 sculptures et plus de 200 dessins. 

Sa faible représentation dans les collections publiques a empêché une reconnaissance méritée. Des rétrospectives (au musée d’Orsay en 2019) et des publications scientifiques réhabilitent pleinement cette passionnée dont la production explore un monde poétique, lumineux et paisible.

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Autres tableaux vus, dans la collection permanente du musée :



Une émission de France Culture sur Berthe Morisot :  Un atelier à soi (clic)



5 commentaires:

Marielle a dit…

C'est passionnant ! J'adore suivre tes billets sur Berthe Morisot !!!
En tout les cas j'aurais aimé voir cette expo !
Merci Joelle :)
Bonne soirée

Jo-Elle a dit…

C'est le dernier.
En tous cas beaucoup de ses tableaux au Musée d'Orsay et la collection permanente au Musée Marmottan-Monet !
Bonne soirée

Babeth a dit…

Merci pour cet article que j’ai adoré lire.
Bonne journée

Anonyme a dit…

Merci pour tous ces beaux reportages sur cette femme peintre. L'émission citée en lien est émouvante. Quelle est la prochaine exposition ? Bon week-end. Sue

Monique a dit…

J'aurais aimé voir cette expo mais heureusement tes billets atténuent le regret !