lundi 3 juin 2024

Albert Kahn et la photographie (4)

 Albert Kahn  découvre que le monde n’est pas celui que la société voudrait montrer à travers les discours de ses autorités. 

Il décide alors de présenter le vrai visage de ce monde, tel qu’il est réellement, ou du moins tel qu’il le perçoit. 

En 1898 il créé les «Bourses autour du monde» qui distribuent chaque année une dizaine de bourses de voyages à «des jeunes gens choisis dans l’élite intellectuelle et morale de la nation, pas assez âgés pour avoir déjà des idées préconçues, assez mûrs d’esprit cependant pour savoir regarder et comprendre»

À celles et ceux qui partent faire le tour du monde, Albert Kahn donne pour consigne : «Oubliez tout ce que vous avez appris et gardez les yeux ouverts»


 

À partir de 1909 il finance de nombreux reportages dans une cinquantaine de pays, afin de constituer une bibliothèque d’images, les «Archives de la planète», immortalisant la vie des peuples sur la terre. Cette collection est riche de 72 000 plaques autochromes et d’une centaine d’heures de films noir et blanc. 

Son but est de «fixer une fois pour toutes, des aspects, des pratiques et des modes de l’activité humaine, dont la disparition fatale n’est plus qu’une question de temps»

Cet «inventaire» répond à un cahier des charges très précis, élaboré par le professeur Jean Brunhes, son directeur scientifique. 



La mission des opérateurs était de photographier «les maisons ordinaires, les routes, les places et les villes, plutôt que des beaux sites que l’on trouvait déjà sur les cartes postales».  

Ils ne devaient pas privilégier les individus, mais les groupes, les masses et les gens qui n’ont jamais droit à la parole, ceux qu’on ne connaîtrait pas s’il n’y avait pas l’image.

 Pour les portraits, les directives étaient de prendre les personnages en costumes traditionnels, de face et de dos, car, d’après Jean Brunhes, «le costume traditionnel était un des faits humains qui risquait de disparaître rapidement».





 

 












3 commentaires:

Monique a dit…

Très intéressant !

Anonyme a dit…

Quelle chance de garder ces traces de l’histoire des hommes et des cultures…aujourd’hui tout est si vite réduit à des modes, un passé «  dé -passé », espérons que certains des générations qui viennent en verront l’intérêt et les transmettront à leur tour.
Elisa

Jo Elle a dit…

Les travaux qui ont été faits et la construction de ce bâtiment n'avaient pour but que de mettre à la disposition du public toutes ces archives qui étaient "archivées" depuis près de 100 ans ! Le jardin est parsemé de lieux où l'on peut voir des films., des photos... Lors d'une visite, surtout ne pas se cantonner aux jardins. Ou revenir plusieurs fois !